mercredi 3 septembre 2008

Chapitre II - Version française

Soudain il est coupé de ses pensés par un fort bruit venant de l’extérieur. Il avait quelqu’un qui frappait à sa porte avec une telle force qu’il lui semblait que quelque chose de terrible allait se passer bientôt, c’était comme si une bombe allait exploser et le bâtiment devrait être évacué sans tarder.
Il alla vers la porte et sans l’ouvrir il posa la célèbre question :
- C’est qui?
- Je suis votre voisine d’à côté et j’ai besoin de vous parler, c’est très important, ouvrez s’il vous plaît.
Un peu décontenancé, il ouvrit la porte et fut paralysé de surprise. La femme devant lui était méconnaissable. La jeune fille brune qu’il venait juste de rencontrer était là devant lui, le regardant comme s’il venait d’une autre planète.
Au début il eut du mal à croire mais ensuite il lui demanda:
- Qu’est-ce que vous faites là ? Que voulez vous de moi ? Vous avez vu l’heure qu’il est ? Vous êtes folle ou quoi ?
- Excusez-moi de vous déranger mais je n’ai plus d’eau chaude, et je ne peux pas me coucher sans me doucher. C’est une habitude chez moi et là je suis en train d’être frigorifiée si vous ne me laissez pas rentrer tout de suite.
- Que voulez vous exactement ?
- Je vous ai déjà dit. Je voudrais prendre ma douche et vite.
- Et pourquoi chez moi ? Pourquoi justement chez moi ?
- Arrêtez de me poser des questions si vous ne voulez pas que je tombe raide par terre. Vous savez combien il fait maintenant ? Peut être –2° ou –3°.
- Je vois et vous vous êtes complètement nue, même pas une serviette, et après c’est moi qui doit vous laisser rentrer chez moi, à 5 heures du matin pour vous doucher. Sans problème ma chère voisine, en sachant que vous allez payer pour cette douche, bien sûr.
- Sans problème mon cher voisin, je paierais ce que vous voudrez.
Il ouvrit la porte et elle se précipita dans son appartement comme si elle le connaissait par cœur. Il lui indiqua la salle de bain et elle se dirigea vers la pièce comme si de rien n’était.
Il resta assis sur son canapé, sa voisine nue chez lui à 5 heures de matin, arrivée sans être invitée, là en train d’utiliser sa salle de bain, son savon, ses parfums, ses déodorants, découvrir ses secrets, son intimité, ses crèmes de beautés, enfin tout de lui. Quoi faire pour l’arrêter? Était trop tard, et si elle découvrait aussi ses godemichés?

Les godemichés, deux pour être exact, un rose transparent le plus grand taille sans moteur, un à couleur chair taille moyenne à moteur, souvenir d’une nuit de débauche dont il n’a jamais eu le courage de se débarrasser. Aujourd’hui il regrettait de ne les avoir pas jetés.
Le temps passait et sa voisine ne sortait pas de la salle de bain, il n’entendait plus l’eau couler. Que se passerait-il, il se demanda sans cesse. D’un coup il se lève et frappe à la porte de sa salle de bain.

-Vous êtes toujours en vie ?
- Répondez-moi s’il vous plaît sinon je rentre.

Jean décida alors de rentrer dans la petite salle de bain, ouvrit la porte et vit une fille aux cheveux mouillés, maquillage défaite, le noir du crayon de ses yeux coulait sur son blanc visage, elle avait l’air tout fragile, il pensa alors à un tableau, ou peut être à une photo noir et blanc ou même à un dessin qu’on ne voyait que dans des livres d’arts. Son corps maigre enrobé de la moitié par une grande et grosse serviette rose foncé faisait ressortir la délicatesse de ses traits. Assise sur l’abattant de la latrine de couleur rouge, jambes serrées l’une contre l’autre, tête basse, elle ressemblait à un garçon manqué mais certainement à quelqu’un qu’avait besoin d’être aidé. Sans hésiter il alla vers elle, se mit à genoux devant elle, toucha son visage et dit :
-Regardez-moi, qu’est que ne va pas ? Vous avez pris votre douche ? L’eau était chaude ? Dites-moi si tout va bien?

Elle leva la tète et lui regarda pour la première fois très doucement. Dans son regard il vit pas un garçon manqué mais un enfant à la recherche d’un sentiment perdu et il lui dit :
- Venez avec moi, je t’emmènerai chez vous, vous avez besoin de dormir, vous me semblez très fatiguée et il est très tard.
- Non, dit-elle d’une voix si douce que les oreilles de Jean eurent du mal à l’entendre.
- Je n’ai pas besoin de dormir, je ne suis pas fatiguée. J’ai simplement besoin d’être heureuse. J’ai simplement besoin de connaître le bonheur. J’ai besoin d’être aimée et d’aimer. J’ai le sentiment que tout va s’effondrer autour de moi, que je n’ai plus d’espoir, que tout est fini pour moi et je ne veux pas que ça m’arrive, pas avec moi.

Tout à coup elle monta le ton de sa voix qui devint agressive, son visage s’endurcit et Jean ne la reconnut plus.

- Connaîtriez-vous le bonheur mon cher voisin ? Auriez-vous eu cette chance monsieur mon voisin ? Dites le moi sans tarder si vous êtes heureux ? Si vous l’êtes, je vous envierai pour toujours, alors je vous prie de ne le me pas dire s’il vous plaît. Je crains de ne plus pouvoir rêver de ce sentiment qu’autrefois m’a arraché le cœur. De savoir mon voisin d’à côté plein de bonheur tandis que moi, moi je rêve de lui sans cesse.

Elle le déconcerta sans vouloir et il ne sut plus quoi dire. Elle pleura sans faire de bruit. Les larmes coulèrent sur son blanc visage à maquillage défaite et Jean sourit d’un sourire triste et resta assis par terre à la regarder, même un seul mot à dire, il ne put pas. Même pas un mouchoir, c'est trop cher pour lui. Il s’étouffa devant les aveux de sa jolie voisine. Une femme si mignonne et si malheureuse il se dit.

Elle continua à parler avec sa voix toujours agressive et sorti petit à petit tout son malheur:

- 91 jours que je suis au chômage. Cela veut dire 3 mois sans bosser et trois mois dont je ne touche que 60% de mon salaire net, cela veut dire une merde, mais enfin c’est mieux que rien. C’est mieux de ce quand j’ai donné ma démission en 2004. J’ai été obligée par la connasse de mon ex-responsable que me faisait chier tous les jours et pendant 6 mois. Je n’ai pas eu d’autre choix que de partir et je n’ai pas pu me venger de la conasse. J’ai n’ai eu droit à rien, rien de tout.
Aujourd’hui voilà moi en cherchant de travail à nouveau. Je prie tous les jours à Dieu, même si je ne le crois pas, qu’il soit mon intermédiaire à chaque CV que j’envoie à une société et j’attends qu’ils m’appellent. Je ne veux plus coucher avec des connards, c’est malheureux de dire ça mais je le faisais. Maintenant, je ne veux plus jamais coucher avec des connards pour une misère de salaire. Les hommes, ils ne pensent qu'à baiser et les ooportunités ils en ont et tant pis pour nous les filles comme moi.

Oui, je recherche le bonheur, c’est cela, le bonheur mon cher voisin. Avez-vous eu la chance de le rencontrer ? Non, j'ai oublié, ne me le dites pas, je préfère ne le pas savoir.

Je m’en vais, je suis fatiguée, vous aviez raison je rentre chez moi. Merci pour la douche et la serviette. Merci pour le savon et j’allais oublier. Pourquoi vous avez besoin des godemichés ? Excusez-moi mon cher voisin, ce n’est pas mon problème et ça reste entre nous. Je n’ai rien vu et je ne veux rien savoir. Je vous dis au revoir et à un de ces jours.
Mais si vous avez besoin de moi entretemps, n’hésitez pas à frapper à ma porte, de toute façon je vous dois la douche d’aujourd’hui et je paie toujours mes dettes, donc je vous attendrai.

Elle se leva d’un coup et la serviette tomba par terre. Jean hésita un peu et la retint par son bras gauche, il ne voulait pas qu’elle parte. Ils se entre regardèrent quelques secondes. Il se leva, prit la serviette, enroba le corps de sa voisine nue comme si voulait la protéger de lui. Regarda fermement dans ses yeux ensuite ses lèvres, toucha son visage d’une main et avec son doigt il fit son contour et l’embrassa doucement sur sa bouche entre ouverte. Un baiser qui dura quelques secondes mais qui lui fut de bien. Elle ne refusa pas au contraire, elle profita de ses moments de tendresses pour l’embrasser aussi, reposa sa tête sur ses épaules et lui confessa, cette fois-ci d'une voix douce :

- Je suis triste, je pleure tous les matins, les midis et les soirs. Je ne sais pas quoi faire et je n’ai personne avec qui compter. Pas de famille avec qui compter. Toute ma famille m’exploite dès mon arrivée en ville jusqu’à mon départ. Tout ce qu’ils peuvent retirer ils retirent. Ils me racontent des histoires pas possible avec le seul but de me demander de l’argent. Ils pensent que je suis riche, alors tout le monde essaie d’en retirer le maximum. Je suis allée là bas cette année et je ne veux pas regretter car cela faisait 3 ans que je n’y suis pas retournée. Mas j’ai tellement dépensé de sous que je suis rentrée endettée et sans travail. Eux, même pas un remerciement, même pas un cadeau, rien de tout, ils ne racontent que des misères, des malheurs. Chaque fois que j’y retourne rien de bon seulement de mauvais. Je n’ai plus envie d’y retourner et je ferai n’importe quoi pour ne plus y retourner sauf dans un cas d’urgence. Plus jamais pour des vacances qui me coûtent à chaque fois la peau des fesses et en plus je dois m’endetter pour la rembourser. La seule personne que m’aide c’est Juliette. N’est même pas de la famille, seulement une amie mais je la considère comme une sœur. Elle habite à Grande Gars et elle m’héberge à chaque fois que j’y vais là bas. La pauvre, j'ai de la peine pour elle, je pense qu'à bosser et n'a pas le temps pour profiter de la vie. La pauvre, elle me manque tellement, c'est comme une soeur pour moi, ma grande soeur.

Je n’attends que la nuit pour oublier la journée et cela me soulage quand j’entends la sonnerie de l’école à 16H30, ça veut dire que plus de bruits d’enfants dans mes oreilles, je suis à la limite à cet heure-là car depuis 8h30 du matin je passe la journée avec les bruits qui font les enfants; sans compter la sonnerie de l’école que sonne 6 ou 7 fois par jour; la chasse d’eau de la voisine, je l'entends pisser et je sais quand elle est en train de chier, ça me dégoute; les ascenseurs; les avions qui passent presque en touchent l'immeuble, comme s’ils allaient rentrer dans mon appartement tellement le bruit est fort, sans compter la fumée noir qu’ils laissent dans les nuages. C’est trop.

Depuis mon licenciement le 2 juin, je ne commence à me rendre compte que maintenant de comme est difficile trouver un travail quand on a personne pour aider ni avec qui compter. Je n’en ai parle qu’à Juliette. Je me cache des voisins. Si je dois sortir dans la journée je priorise la matinée, ainsi je peux rentrer à 13 heures et personne dans l’immeuble ne se rendra compte que je suis au chômage. Je n’ai pas honte, je n’aime pas en parler car ça ne servirait à rien puisqu’ils ne pourront pas m’aider. Un tas de gens pauvres, d’origines modestes et que n’ont pas de réseau dont je puisse bénéficier, donc pas à peine d’en parler. Avec eux, je fais semblent que tout va bien et chez moi je pleure, je prie et je fais tout ce que je peux pour m’en sortir.

Jean sortit de son silence et se demanda s’il rêve où elle est vraiment folle cette fille.

-Attendez, nous sommes à Paris, il n’a pas d’avion qui survole la ville, comment pouvez-vous les entendre et voir leur fumée noire ? Il n’y a pas d’école dans ce quartier. De quoi parlez-vous ?

Elle ne dit plus rien, tout à coup elle se tut et regarda dans le vide.

Jean la prit par la main et l’emmena dans son petit salon et elle se laissa aller. L’allongea doucement sur le vieux canapé lit à la couleur vert fluo, acheté dans une grande surface à prix cassé  il ya quelques années. Enleva la grosse serviette rose foncé qui l’enroba, et la couvrit de sa vielle couette, compagne de plusieurs hivers et on sent l’odeur de sa sueur qui est imprégnée mais elle ne le sente pas. Il s’allongea à ses côtés après avoir éteint le petit luminaire, cadeau de sa grand-mère. Enleva ses vêtements dans le noir sans faire de bruit et garda son slip.
En quelque sorte il se protégea. Il eut peur que sa vie bascule. Il eut peur de perdre sa liberté et peur qu’elle fut la femme de sa vie.

(Tous les droits réservés )
Lene Machado

Chapitre I - Version française

Dans un quartier de Paris le soir,

Jean Duchemin habitait dans un petit studio, calme et tranquille, au septième étage d’un bel immeuble pierre de taille, du VIIe arrondissement de Paris.
Une vie plate et sans surprise jusqu'au jour où tout bascula. Il rentrait d’une soirée d'enfer dans une de ces boîtes gay des Champs Elysées à quatre heures du matin. Fatigué et sans aucune envie de monter les 7 étages à pied, il prit l'ascenseur pour se rendre au plus vite dans son petit studio.
Dès qu’il arriva devant sa porte il entendit un bruit de pas délicats qui montaient les marches. Quelqu'un avait décidé de monter les étages à pied, - et voilà une qui a du courage - se dit-il assumant que ça ne pouvait être qu’une femme. Curieux, il regarda par l’entrebâillement la belle fille qui venait de frapper à la porte de son voisin. Taille moyenne, cheveux longs châtains, la jeune femme était trop maquillée. Sa taille fine était cachée par un grossier imperméable vert et elle portait des escarpins à petits talons sur un petit 38.
La porte s'ouvrit et la fille se précipita brusquement dans l'appartement. La porte se referma derrière elle.
Il ferma sa porte et se dirigea vers son lit. N'arrivant pas à dormir, il entendit des bruits dans le couloir. Ne pouvant résister à la curiosité, il se leva et alla regarder ce qu’il se passait. La belle fille venait juste de quitter l'appartement de son voisin en laissant la porte entrouverte. Il attendit environ 5 minutes, la porte étant toujours ouverte, il se dit qu’il valait mieux prévenir son voisin pensant qu'il s'agissait d'un simple oubli.
Il portait un tee-shirt avec le drapeau américain sur fond rouge et bermuda en jeans GAP. Il sortit de son appartement et alla frapper à la porte entrouverte et attendit. Soudain une jeune fille brune, cheveux très courts, aux yeux vert-olive, et au rouge à lèvres noir, apparut à la porte et lui dit...
- Vous désirez ?
- Excusez-moi - répondit-il – votre porte était ouverte et je voulais vous prévenir. Il ne croyait pas à ses yeux.
- Merci
Et elle ferma la porte.
Intrigué Jean entra chez lui. Qui était son voisin ou plutôt sa voisine, il ne l’avait jamais vu, il ne savait même pas depuis quand ils étaient voisins et elle était toute nue.

Jean était un jeune homme très discret, issue d’une famille modeste, il était l’enfant unique d’un cheminot et d’une fleuriste. Le jour il était comptable dans la société « Marchand & Fils », le soir il arpentait les clubs gay de la capitale.
Jean ne se sentait pas homosexuel mais il recherchait en quelque sorte la présence de ces hommes autour de lui. Il n’avait eu jusqu’à présent que deux relations. La première était Lucie une camarade de faculté aux mœurs un peu trop délurées et la deuxième avec Yann un jeune homme qu’il avait rencontré dans un des clubs qu’il fréquentait. On pourrait dire que cette deuxième expérience fut sa première histoire d’amour bien qu’elle fut de courte durée, deux semaines pour être exacte, mais Jean les considérait comme de bonheur et de découverte.
Jean n’était pas homosexuel, si on lui demandait il répondait « je recherche l’absolu », l’absolu c’était tout et n’importe quoi et Jean était un jeune homme très curieux.
Peut être que fréquenter les clubs gays lui servait d’excuse pour ne pas affronter le monde extérieur. Dans un pays programmé et dit civilisé on n’a pas le droit de vivre à sa guise, au contraire, on doit absolument suivre un ordre de vie dictée par la société, et ceux qui ne le font pas, sont mis de côté. Il ne voulait ni connaître le mépris des autres ni être ce qu’il appelait « un mouton ».
Il allait vers une vie normale comme ses parents, famille et amis, laquelle il essayait désespérément de fuir, apparemment, sans succès.
Il savait qu’éventuellement il allait rencontrer la femme de sa vie, comment il ne le savait pas. Une femme qui frapperait à sa porte et qui ressemblerait plutôt à sa mère. Une femme autoritaire, de forte taille, avec une poitrine exubérante et un joli visage rose et rond contrastant avec ses grands yeux vert émeraude et bien sûr blonde, qui d’un seul regard ferait craquer n’importe quel homme, même le plus dur, comme disaient tous ces amis.
Elle serait aussi courageuse, sans pitié et sans peur de l’avenir, peur de rien même de contredire son époux quand il le faudrait, mais surtout une femme qui aimerait les fleurs pour l’amour des fleurs, pour s’en occuper et les voir mourir d’une morte lente et douce comme toutes les fleurs, et pas pour l’amour d’un travail mal payé comme sa mère. Une femme complètement indépendante qui n’aurait besoin d’un homme que pour faire face au monde civilisé qui exigeait d’elle un mari et gosse. En réalité, elle ne révérait que tout simplement de satisfaire ce monde, sans aucune raison apparente à part le fait de suivre ce que faisait tout le monde, comme les animaux.
Finalement il aurait un foyer, une femme et deux enfants ou peut être trois, si ses amis l’auraient décidé à sa place car deux ce ne serait pas bien pour la bonne santé psychologique de ses deux enfants, et il finirait comme tous les « moutons ».
Il s’achèterait un pavillon dans une banlieue chic pas très loin de Paris et le paierait en 30 ans n’importe, avec un crédit d’enfer, à un taux incroyable, après avoir cherché auprès de 12 banques ou plus, celle qui lui accorderait le meilleur prêt.
Il s’engagerait pour toute une vie, pas seulement avec le pavillon mais aussi avec la réalité de son pays civilisé, épouse et enfants et les enfants sont pour la vie. « Les Grandes Ecoles » cela coute cher et pour trois il faudrait y économiser.
Le pavillon sa fierté et sa gloire, avec ses fleurs multicolores sous les fenêtres de la face avant et son jardin bien entretenu. Bien entendu ce pavillon reviendrait à ses héritiers, femme et enfants. Pas de répartition prévue, pas de divorce, mariage à l’ancienne, jusqu’à la mort.
Il serait fier d’annoncer la nouvelle à tout le monde, en spéciale à ses parents car sans leur argent il n’aurait pu l’acheter. Quelle bonne affaire, l’affaire du siècle. Un pavillon avec quatre chambres, un grand salon et surtout une cheminée dernier cri. Cela ferait l’envie de tous ses voisins et même ses amis et peut sa famille. Ce serait un sujet de conversation pendant des années, qui ça soit au travail où il passerait plus de la moitié de sa vie, ou dans les soirées conviviales avec amis, au détriment de ses enfants déjà âgés de 2 ans, 4 ans ou 6 ans.
Un pavillon pas tout à fait comme les autres, comme si un pavillon pouvait être différent. Différent peut être dans sa tête, dans sa façon de le voir. Un pavillon avec garage, deux places pour les voitures, une de sport et une familiale, de préférence un « espace » c’est que lui demanderait sa femme et en plus, vert ou rouge flash.
Une piscine qui serait utilisée seulement un mois sur douze si le soleil leur ferait un cadeau; un jardin pour les barbecues de dimanche avec toute la famille de sa femme adorée ; un gros Saint-Bernard pour le promener tous les soirs dans le seul but d’avoir quelques moments d’intimité et de silence. Moments sacrés pour lui, où il se retrouverait seul et aurait le temps de réfléchir à tout ce qu’il avait fait, et le fait qu’il n’aurait plus le moyen de revenir en arrière.
Dans ses moments de solitude, il profiterait surtout pour s’éloigner de sa mégère femme adorée, avec laquelle il ne ferait plus l’amour depuis la naissance de son dernier enfant, Benjamin, mais aussi réfléchirait à comment faire en sorte de couvrir tous les mois son découvert, car les salaires du couple et les allocations ne seraient suffisantes pour faire face à toutes les dépenses qui grandissaient jour après jour, comme une boule de neige.
Il envisagerait un suicide comme forme de se débarrasser du fardeau. La somme importante de son assurance vie couvrirait toutes les dépenses, faciliterait la vie de sa femme et surtout garantirait l’avenir de ses peut être trois enfants, le pavillon, les « Grandes Ecoles ». Encore une fois il prendrait comme exemple la formule courante de son monde civilisé. Il aurait enfin rempli les taches pour lesquelles il est venu au monde et mourrait en paix. Souvenirs, rien que des bons souvenirs de lui, une belle couronne et quelques jolis mots sur sa tombe : « A Jean, qui a tout donné sans jamais réclamé. Un bon père, bon fils, bon mari, qu’il soit finalement en paix, et qu’il ne regrette jamais la vie de mouton qu’il l’a bien mérité »

Tous les droits réservés
Lene Machado